Hifzi TOPUZ
En 1957, j’étais président du Syndicat des Journalistes à Istanbul et rédacteur en chef du quotidien turc Aksam. La commission nationale de l’UNESCO pour la Turquie m’a demandé de participer à la première session du Centre International d’Enseignement Supérieur du Journalisme qui venait d’être créé à Strasbourg.
Quatre des fondateurs de l'AIERI réunis lors de la première session du Centre International d'Enseignement Supérieur du Journalisme de Strasbourg, en octobre 1957, à la veille de la Conférence Constitutive de l'AIERI à Paris. De gauche à droite : Francesco Fattorello, Fernand Terrou, Khoudiakoff, qui n'assista pas à la réunion de Paris, Jacques Léauté et Mieczyslaw Kafel. Il est à noter que les participants à cette première session du Centre de Strasbourg assistèrent en masse à la Conférence Constitutive.
Cette session, qui a duré deux mois, m’a permis de faire la connaissance du directeur du centre, le professeur Jacques Léauté, du directeur de l’Institut Français de Presse, Fernand Terrou, du directeur adjoint de l’Institut Jacques Kayser, de nombreux chercheurs dans le domaine de la communication, et d’éminents journalistes tels que Henri Cassirer, Roger Clausse, Pierre Denoyer, Robert Desmond, Francesco Fattorello, Jacques Godechot, Robert Hennart, Emil Dovifat, Vladimir Klimes, Ralph Nafziger, Martin Rooij, Robert Salmon, Raymond Manevy, Rolf Meyer, Pierre Schaeffer, Bernard Voyenne, et bien d’autres…
A la suite de cette session, j’ai été invité par le sous-directeur général de l’UNESCO à participer les 18-19 décembre 1957 à la conférence constitutive de l’Association Internationale des Etudes et Recherches sur l’Information qui s’est tenue au Secrétariat de l’UNESCO avenue Kléber à Paris.
Il y avait 14 pays, représentés par 57 participants, et 5 organisations internationales. La conférence a été inaugurée par un discours prononcé par Tor Gjesdal, directeur du département de l’information a l’UNESCO. Tor Gjesdal, après avoir mis l’accent sur le rôle de la communication dans le monde moderne, a poursuivi son exposé en insistant sur l’importance de la coordination des recherches en matière de communication, et a conclu son discours par les mots suivants :
« A l’UNESCO, nous sommes d’accord avec les organisateurs de cette réunion pour affirmer que l’heure est venue d’essayer de développer des liaisons plus étroites et une coopération plus grande entre les instituts de recherche et les chercheurs individuels du monde entier en ce qui concerne les sujets touchant aux moyens d’information ».
Quant à Fernand Terrou, le directeur de l’Institut Français de Presse, il souligna dans son allocution l’importance de l’indépendance nécessaire à l’Association, en insistant sur les points suivants :
« C’est là, je le crois, un exemple particulièrement caractéristique de la véritable mission de l’UNESCO : susciter les entreprises de collaboration internationale sur un plan intellectuel, leur donner un essor, en montrant de façon concrète leur utilité, puis s’effacer pour recommencer ailleurs ».
La conférence avait à son ordre du jour l’élaboration des statuts de l’Association. De nombreux participants, tels MM Terrou, Kayser, Bellanger, Kafel, Fattorello, Blin, Denoyer, Stijns et Clausse, ont pris la parole pour s’exprimer sur le projet préparé par le comité intérimaire.
A l’issue des discussions, les statuts de l’Association furent adoptés à l’unanimité. Le Bureau et le comité exécutif furent alors constitués comme suit:
Président: | Fernand Terrou |
Président suppléant: | Jacques Kayser |
Vice-présidents: | Jacques Bourquin Raymond Nixon Mieczyslaw Kafel |
Membres du Bureau: | Claude Bellanger Marcel Stijns |
Membres du comité exécutif: | Roger Clausse Francesco Fattorello de Gregorio Danton Jobim A.S. Khurshid Vladimir Klimes Nell Morrisson Oscar W. Riegel R.J.E. Silvey E.B. Simpson Jean Tardie |
Jacques Kayser, chercheur, éminent journaliste et directeur adjoint de l’Institut Français de presse, aborda des points très concrets lors de son intervention à la conférence constitutive, en précisant qu’il fallait tout d’abord établir une liste des instituts internationaux de recherche sur l’information, élaborer ensuite une bibliographie en matière de communication, et enfin définir, délimiter des méthodes ainsi qu’une terminologie.
Il proposa, en guise de conclusion, deux thèmes prioritaires de recherche : l’influence des moyens d’information sur les enfants et le secret professionnel des journalistes. J’aimerais préciser que ces thèmes ont ultérieurement fait l’objet de recherches dans les programmes de l’UNESCO, qui a apporté, de longues années durant, un soutien financièrement modeste mais moralement très précieux au développement des activités de l’AIERI. L’UNESCO a ainsi pu bénéficier de la contribution des membres de l’AIERI à l’élaboration et à la réalisation de son programme de recherches dans le domaine de la communication.
Ayant été pendant 25 ans (1959-1983) le fonctionnaire en charge du projet AIERI à l’UNESCO, il m’est très précieux d’assister à présent à son cinquantième anniversaire, en tant qu’un de ses membres fondateurs.
Etant aujourd’hui l’un des rares survivants de cette conférence constitutive, j’aimerais évoquer la mémoire de tous ces collègues aujourd’hui disparus, qui ont participé a la création de l’AIERI, tels que Tor Gjesdal, Fernand Terrou, Jacques Kayser, Jacques Bourquin, Raymond Nixon, Claude Bellanger, Raymond Manevy, Mieczyslaw Kafel, Vladimir Klimes, Francesco Fattorello, Pierre Navaux, Jacques Godechot, Martin Loeffler, Jean-Louis Hebarre, Giuliano Gaeta, qui avaient fermement soutenu l’AIERI et qui ont contribué à sa réussite.
Hifzi TOPUZ
Président de l’Association Turque de Recherche sur la Communication
Ancien chef de la section de la Libre Circulation de l’Information et de la Communication à l’UNESCO